Publié le 25 septembre 2019–Mis à jour le 27 septembre 2019
Les images, dont l’étude se cantonnait autrefois au champ de l’histoire de l’art et de l’esthétique, sont devenues un objet central de réflexion pour toutes les sciences de l’homme et de la société. Des travaux récents et importants ont mis l’accent sur le pouvoir des images, sur les effets qu’elles produisent par leurs formes et leurs usages, tant sur les individus que sur les masses.
Nous proposons de retourner la question : parce que l’image est puissante et peut même sembler dangereuse, ne se met-elle pas elle-même en danger en s’attirant les critiques et la violence iconoclaste, en subissant censure, mutilations et stratégies de détournement ? Aux mouvements de réforme, aux poussées de radicalisme religieux, aux accès de moralisme pudibond, aux triomphes du despotisme, mais aussi aux émotions révolutionnaires, les images, à l’instar des hommes eux-mêmes, ont toujours payé l’un des plus lourds tribus. La destruction des idoles est un hommage rendu à leur puissance. Il en est allé ainsi des images dans l’histoire la plus ancienne, comme il en va aujourd’hui, dans notre monde médiatique, des images virtuelles qui tissent sur la toile de nouveaux réseaux sociaux en s’obstinant à défier les menaces de la censure.
Pour éclairer ce débat, une dizaine de conférenciers présenteront en alternance des situations historiques de « mise en danger » des images (iconoclasme byzantin, Réforme protestante, condamnation de l’« Art dégénéré » par les Nazis, etc.) et quelques-uns des nouveaux défis – techniques, esthétiques, politiques – auxquels les images doivent face à l’ère du numérique et de la toile mondialisée.
Jean-Claude Schmitt
Président du conseil scientifique,
Historien, Directeur d’études à l’EHESS
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