Publié le 1 septembre 2017–Mis à jour le 30 septembre 2019
« Le temps du monde fini commence » écrivait Paul Valéry en 1931, en constatant qu’il ne restait plus aucune terre nouvelle à découvrir et en évoquant, en ces temps de dépression, la faillite de l’idée de progrès et le déséquilibre croissant entre population et ressources naturelles.
Bien d’autres – philosophes, économistes, historiens, démographes ou auteurs de fictions littéraires ou cinématographiques – ont posé depuis semblable diagnostic, alors que les apocalypses n’en finissent pas de changer de visage et de nom : génocides – Auschwitz, Srebrenica, le Rwanda –, guerres et cataclysmes nucléaires – Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima –, réchauffement climatique, qui est de la responsabilité des hommes et dont les conséquences pour les générations futures s’annoncent catastrophiques.
Cette longue litanie paraît augurer, sinon de la fin du monde, du moins de celle de notre monde. Non seulement nos modèles de croissance sont remis en cause, mais les égoïsmes nationaux relèvent la tête et de nouveaux murs menacent les échanges mondialisés des hommes, des biens et des connaissances. La construction européenne est ébranlée, les valeurs de la démocratie sont une fois de plus en danger.
Le regard des sciences humaines et sociales n’est pas de trop pour éclairer ces évolutions et ausculter les fantasmes de fin du monde, mais aussi pour dessiner d’autres voies de développement possibles, qui concilient la protection de l’environnement, les grands équilibres du monde et la voix des citoyens.
Jean-Claude Schmitt
Président du conseil scientifique du Campus Condorcet
Historien, Directeur d’études à l’EHESS
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