Connectées ou isolées, concentrées ou dispersées, denses ou diffuses, les universités ont du mal à trouver leur modèle d’organisation et à définir leur place en ville. À l’heure de l’internationalisation de la recherche, de la transversalité des disciplines, de la numérisation du savoir, de la métropolisation et de la compétition des territoires, en quel sens la territorialisation de la communauté universitaire peut être un principe structurant de l’incessante extension métropolitaine ?
Conçue dans les années 70 sur un modèle fonctionnaliste et rationnel, l’EPFL a entamé depuis plusieurs années déjà, un ambitieux chantier de transformation de son campus. Structuré par un long corps de bâtiment auquel se rattachent perpendiculairement les différents départements du savoir sur le modèle du peigne, ce système permettait de penser l’extension des besoins fonctionnels de l’université… jusqu’à atteindre une certaine masse critique, rendant le système initial inopérant. En dissociant les circulations piétonnes des circulations véhicules et logistiques, installant les premières à plusieurs mètres du sol naturel, et concédant aux secondes le droit du sol (naturel) le système ne permet pas de faire le lien entre le campus et la ville, d’en prolonger l’urbanité, de faire participer l’École Fédérale à la métropole qui s’infiltre.
Le Rolex Learning Center, l’arrivée du métro et le nouveau centre des Congrès sont venus compléter les équipements déjà présents sur le campus, amorçant une réorganisation du campus sur son sol naturel, le premier rapprochant l’EPFL de son lac et de ses cols montagneux, le dernier, initiant un développement vers le nord. Premiers moteurs, ces équipements sont toutefois peu connectés au système urbain du campus.
Par trois fois, comme trois points suturant le campus de l’EPFL à son territoire, Dominique Perrault casse la radicalité du dispositif d’origine pour faire vibrer ce haut lieu du savoir et de la recherche avec des échelles de territoires supérieures, métropolitaines.
Il déplace et transforme l’axe urbain existant vers le sud, ancre les trois nouvelles constructions au niveau du sol, libère des espaces au pied des façades sud et dessine un mail urbain qui s’ouvre à l’ouest vers l’université de Lausanne, sortant le Rolex center de son isolement. Dominique Perrault invite à penser l’université et la métropole dans une communauté de destin.